Presses Eco Plus le 04/12/2009

Bureaux de change

La dynamique concurrentielle déclenchée

Au bout de trois ans d'existence, environ 367 bureaux de change ont vu le jour au Maroc. Ils ont permis de créer une dynamique concurrentielle.

Les taux de change appliqués sont devenus de plus en plus favorables aux clients finaux. Toutefois, il n'est pas question pour un client, rationalité oblige, de s'adresser à un bureau de change ou à un autre intervenant, les yeux fermés. Le mieux est de faire jouer la concurrence.

L'apparition des bureaux de change a créé une dynamique concurrentielle. Cette affirmation fait l'unanimité auprès des professionnels du marché de change manuel au Maroc. En effet, depuis la création des premiers bureaux en 2007, les taux de change appliqués sont devenus de plus en plus favorables aux clients finaux. Sans aller toutefois jusqu'à atteindre les cours plancher ou plafonds, formant le corridor dans lequel est coté le dirham marocain. Car « les intervenants majorent ou minorent généralement le cours central pas de plus de 2%, au moment où la réglementation leur permet d'aller jusqu'à 5%», constate Charaf Bennani, directeur d'un bureau de change et développeur d'un progiciel dédié à cette activité. Cela étant, des différences existent aussi entre les régions. A Fkih Ben Salah ou à Tanger par exemple, les bureaux de change ne jouent pas sur la marge mais beaucoup plus sur la quantité.

Certes, le comportement concurrentiel de tous les intervenants est pour quelque chose, mais celui des clients (touristes étrangers ou marocains résidant à l'étranger) est de nature à raviver encore plus cette «concurrence réglementée». Ainsi il n'est pas question pour un client, rationalité oblige, de s'adresser à un bureau de change les yeux fermés. «Le mieux est de faire le tour des différents intervenants, notamment si le montant en jeu est important, pour repérer ceux appliquant les cours les plus compétitifs», recommande Mohamed Manaa, président de l'Association professionnelle des bureaux de change au Maroc (APBCM). Bien plus, la négociation est toujours possible, puisque les cours affichés par les bureaux ne sont pas définitifs.

Par rapport aux autres intervenants, les bureaux de change, dont le nombre s'élève à 367, ont commencé peu à peu à s'imposer. Quoique la concurrence ne se fasse pas sur le même pied d'égalité. Les principaux intervenants, depuis toujours d'ailleurs, sont les banques. En effet, avec leurs larges réseaux, leurs images de marque profondément ancrées et leur capital confiance, difficile pour les bureaux de change d'offrir mieux, notamment pour certaines catégories des clients, les usagers des banques, entre autres. D'autres redoutables concurrents sont de la partie, comme les sociétés de transfert de fonds, les guichets de Poste Maroc et de la Trésorerie générale du Royaume.

Toutefois, pour séduire et fidéliser leurs clients, les bureaux de change, contrairement aux autres intervenants et mis à part les sociétés de transferts de fonds, ont plus d'un atout à faire valoir. « Il s'agit surtout de leur proximité, accessibilité, rapidité de prestation et surtout leur capacité d'ouvrir en dehors des horaires normaux». Pour s'affirmer davantage, il semble que les bureaux de change, après trois ans d'existence, ont passé à l'attaque. Première pierre dans cet édifice de longue haleine : la création de l'Association professionnelle des bureaux de change au Maroc (APBCM). Une association qui a enchaîné dernièrement les rencontres avec les différents intervenants: Office des changes, Groupement professionnel des banques du Maroc, Bank Al-Maghrib… «Sans un menu préalablement établi, ces rencontres ont servi à prendre contact avec les autres intervenants pour se faire connaître», laisse entendre le président de l'APBCM. Mais son premier plus important événement reste l'organisation d'un séminaire de formation à Marrakech, le 7 novembre dernier. Outre la vulgarisation de ce nouveau métier, il était question d'amener les professionnels à adopter les bonnes pratiques en matière de gestion des bureaux. D'autres séminaires régionaux vont suivre prochainement à Oujda, Fès… L'autorité de réglementation, de contrôle et de suivi, l'office de change, y participe à travers l'encadrement et l'accompagnement.

Parmi les thèmes qui sont et restent à l'ordre du jour, l'informatisation des bureaux. A cet égard, des bureaux de change opérationnels et autorisés par l'office des changes, 48% d'entre eux seulement sont totalement informatisés. Ils emploient généralement des logiciels ad hoc. Au moment où 11% sont semi-informatisés, en faisant appel à des applications basiques comme Excel. Alors que 41% sont toujours à la traîne. Difficile pour bon nombre d'opérateurs de se passer de leurs journaux et bordereaux. Les vieilles habitudes ont la peau dure !
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Liquidité du marché de change

À compter du janvier 2008, les bureaux de change ont été autorisés à acheter et à vendre des billets de banque étrangers auprès des agences et succursales de Bank Al-Maghrib, dans les mêmes conditions que les intermédiaires agréés. Pour ce faire, ils ne sont tenus qu'à ouvrir un compte dédié auprès d'une agence ou succursale de la banque centrale. Mais pour l'encaissement des chèques de voyage, ils doivent plutôt s'adresser à un intermédiaire agréé. Modifiant la circulaire de Bank Al- Maghrib N-31/DOMC/07 du 1er mars 2007 relative aux opérations de change manuel, cette décision vise à améliorer la liquidité et les conditions de concurrence sur le marché de change. Mais c'est toujours cette circulaire (31/DOMC/07) qui précise les modalités et conditions applicables à la négociation des billets de banque étrangers, des chèques de voyage, des lettres de crédit, des chèques bancaires et des ordres monétaires en devises conformément à l'instruction de l'Office des changes N-13 du 1er décembre 2006.
Publié le : 4 Décembre 2009 - Redouane Chakir, LE MATIN
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